29 nov. 2012

SWEET DREAMS/SILVIA CABEZAS PIZARRO/SUSANNA LEHTINEN/GRECA DAPELO




 


L’artiste espagnole Silvia Cabezas Pizarro présente à la Galerie du Platane un travail autour des mythologies méditerranéennes mais aussi de la mythologie propre de l’artiste. Ses dessins Me Transformo sont une relecture à la fois d’Ovide et de Kafka dans une formulation poétique mystérieuse, images prégnantes sous des cadrages alliant intelligemment les espaces de silence, laissant au spectateur la possibilité de suivre son fil d’Ariane, de dénouer l’écheveau  de la conscience.
On peut lire ces images comme une série d’autoportraits qui nous rappellent notre enfance perdue, mais toutefois nimbés d’une étrangeté toujours inhérente à notre inconscient. Le souvenir de l’enfance est un motif récurent dans le travail de Silvia Cabezas Pizarro, période de l’innocence mais aussi de la peur du devenir devant l’inconnu. La somptueuse robe revêtue d’épingles Vestido, déjà présentée à la biennale de Murcia, est une interrogation de nos codes de représentation, de ses archétypes, et joue bien sûr sur l’ambigüité du désir et de la douleur, de l’être et du paraître, et constitue un détournement de l’objet à la manière de  Meret Oppenheim.

Susanna Lehtinen, artiste finlandaise, capte la lumière, l’utilise sous toutes ses formes, la travaille, la distord, la diffracte par différents médias afin d’exprimer à la fois la puissance fondatrice de vie et la fragilité de l’existence. Les pièces présentées à la Galerie du Platane sont des modelages, étirements en verre (élévations)  qui jouent avec la fragilité du matériau utilisé d’une part, et avec le travail de la forme qui accentue un peu plus cette fragilité. La lumière semble emprisonnée dans ces subtiles élongations. Les 2 séries de photogrammes sont une recaptation et restitution de ces pièges à lumière : leur expression picturale, « photogrammique », éthérée et réduite à l’essentiel (ne serait ce déjà que par le processus de captation de l’image, à la suite de Man Ray) est un discours direct, clair et sans ambiguité:, il y a une urgence vitale pour le spectateur à se mettre en harmonie avec cette vibration fixée sur le papier. Le néon (Lightning one) restitue la vibration de la couleur unificatrice  qu’est le blanc, et se met en résonance sympathique avec les sculptures en verre. Eclair fondateur, mais figé en un instantané saisissant, la foudre attribut des plus grands dieux, Deus Pater, Jupiter, Zeus, Taranis... Un peu plus loin, un travail numérique, Etats-Unis, égrène les  différents vocables de la langue finnoise décrivant les états de la neige pour finalement former un mur blanc immaculé… Le processus est répétitif et sans fin, ni une vidéo, ni un film, c’est sorte de photographie vouée à l’effacement, à la disparition : un Ukiyo-e contemporain.  Les photographies Hors Temps et Kaisla jouent sur la confusion de la représentation : la photo se veut ici dessin, l’éblouissement par l’excés  de lumière figé sur le papier provoque la disparition, l’effacement de la forme. Enfin, Yesterday I lost my innocence se réapproprie la cloche de verre, clin d’œil à La Belle et la Bête, à l’innocence de l’enfance, aux rites de passage et ses oripeaux, pour en faire le piège d’un objet insaisissable, travail à la fois cynique et poétique. 

L’artiste chilienne Greca Dapelo présente à la Galerie du Platane Etudes pour la construction d’une image dans la mémoire, un ensemble de photographies pliées : diffractions d’images (plages,  paysages urbains, photos de famille…) qui  construisent, par une relecture à la lumière des souvenirs, une nouvelle histoire. L’artiste vit en France depuis plusieurs années et doit se réapproprier sa propre mémoire sur sa vie au Chili : le problème de la conservation de l’image se pose en termes crus, bien réels, il s’agit d’images mentales, matérialisées. La forme du souvenir. Le volume Quintero 1980 est une reconstruction d’une pièce dérivée du design, mais là encore le matériau utilisé est une image, piégée sur et par le papier : celle-ci est ainsi diffractée, acquière une nouvelle dimension, en volume, se pose alors le problème de sa lecture, et surtout du mécanisme de sa réappropriation. Travail élaboré patiemment, tout en dentelles, d’une grande finesse.

Jusqu’aù 6 janvier


Cyril rives, Galerie du Platane, Décembre 2012





Susanna Lehtinen:
Hors Temps (photographies), Kaisla (photographies), 
Yesterday i lost my innocence (ouate, verre)





Greca Dapelo:
Etudes pour la construction d’une image dans la mémoire (photographies pliées)





Silvia Cabezas Pizarro:
Vestido (tissu, épingles)




Silvia Cabezas Pizarro:
Me Transformo (encres sur papier)





Silvia Cabezas Pizarro (Vestido, Me Transformo)
Susanna Lehtinen (Lightning I)





 Susanna Lehtinen (Lightning I)





 Susanna Lehtinen 
Elévations (verre, plâtre)




Susanna Lehtinen 
Elévations (verre, plâtre)
Sublimations (photogrammes)





Susanna Lehtinen 
Sublimations (macro-photogrammes) 






Nos partenaires:
Autour du Petit Paradis


"platanos" (Πλάτανος): d'un étymon indoeuropéen *plthwhy signifiant large; la forme grecque a conservé la plosive labiale initiale alors que les ocurrences occidentales se caractérisent par un amuïssement de celle-ci dans une simple liquidité toute maritime:
latin: latus, latium, re-latio, etc...
celtique ancien ou contemporain: ledan, Llydaw, Letavia, etc...
(Jean Jacques Boidron)
Située entre Avignon et Arles (Boulbon, 13150, chemin du pigeonnier), la Galerie du Platane est une galerie associative d’exposition d’œuvres d’artistes contemporains qui sont en adéquation avec la problématique que nous pose un monde en complète mutation de repères, d’identification et de renouvellement des codes sociétaux. La multiplicité des médias utilisés est aujourd’hui un atout incontournable pour ouvrir l’art au plus grand public, c’est pourquoi nous pensons qu’il est pertinent de présenter ces différentes formes de support : peinture réactualisée, art conceptuel ou post conceptuel, performances, sculptures sonores, artvidéo, gravures… Nous tentons de suivre un rythme régulier d’expositions mensuel, avec visites sur rendez vous. La Galerie propose également un espace extérieur à la disposition des artistes.
Nous assumons notre rôle intermédiaire entre l’artiste et le public et proposons un lieu parallèle et complémentaire à l’espace purement muséal.
Visites sur rendez vous au 06 12 04 78 79

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