L’artiste espagnole Silvia Cabezas Pizarro présente à la Galerie du Platane un travail autour des mythologies méditerranéennes mais aussi de la mythologie propre de l’artiste. Ses dessins Me Transformo sont une relecture à la fois d’Ovide et de Kafka dans une formulation poétique mystérieuse, images prégnantes sous des cadrages alliant intelligemment les espaces de silence, laissant au spectateur la possibilité de suivre son fil d’Ariane, de dénouer l’écheveau de la conscience.
On peut lire ces images comme une
série d’autoportraits qui nous rappellent notre enfance perdue, mais toutefois
nimbés d’une étrangeté toujours inhérente à notre inconscient. Le souvenir de
l’enfance est un motif récurent dans le travail de Silvia Cabezas Pizarro,
période de l’innocence mais aussi de la peur du devenir devant l’inconnu. La somptueuse robe revêtue d’épingles Vestido, déjà présentée à la biennale de Murcia, est une
interrogation de nos codes de représentation, de ses archétypes, et joue bien
sûr sur l’ambigüité du désir et de la douleur, de l’être et du paraître, et
constitue un détournement de l’objet à la manière de Meret Oppenheim.
Susanna Lehtinen, artiste finlandaise, capte la lumière, l’utilise sous
toutes ses formes, la travaille, la distord, la diffracte par
différents médias afin d’exprimer à la fois la puissance fondatrice de vie et la
fragilité de l’existence. Les pièces présentées à la Galerie du Platane
sont des modelages, étirements en verre (élévations) qui jouent avec la fragilité du matériau utilisé d’une part, et avec le travail de la forme qui accentue un peu plus cette fragilité. La lumière semble emprisonnée dans ces
subtiles élongations. Les 2 séries de photogrammes sont une recaptation et restitution de ces pièges à lumière : leur expression picturale,
« photogrammique », éthérée et réduite à l’essentiel (ne serait ce déjà
que par le processus de captation de l’image, à la suite de Man Ray) est un
discours direct, clair et sans ambiguité:, il y a une urgence vitale
pour le spectateur à se mettre en harmonie avec cette vibration fixée sur le papier. Le néon (Lightning one) restitue la vibration de la couleur unificatrice qu’est le blanc, et se met en résonance sympathique avec les sculptures en verre. Eclair fondateur, mais figé en un instantané saisissant, la foudre
attribut des plus grands dieux, Deus Pater, Jupiter, Zeus, Taranis... Un peu plus loin, un travail numérique, Etats-Unis, égrène les différents vocables de la langue finnoise décrivant les états de la
neige pour finalement former un mur blanc immaculé… Le processus est répétitif et sans fin, ni une vidéo, ni un film, c’est sorte de
photographie vouée à l’effacement, à la disparition : un
Ukiyo-e contemporain. Les photographies Hors Temps et Kaisla
jouent sur la confusion de la représentation : la photo se veut ici dessin, l’éblouissement par l’excés de lumière figé sur le papier provoque la disparition, l’effacement de la forme. Enfin, Yesterday I lost my innocence se réapproprie la cloche de verre, clin d’œil à La Belle et la Bête, à l’innocence de l’enfance, aux rites de passage et ses oripeaux, pour en faire le piège d’un objet insaisissable, travail à la fois cynique et poétique.
L’artiste chilienne Greca Dapelo présente à la Galerie du Platane Etudes pour la construction d’une image dans la mémoire, un ensemble de photographies pliées : diffractions d’images (plages, paysages urbains, photos de famille…) qui construisent, par une relecture à la lumière des souvenirs, une nouvelle histoire. L’artiste vit en France depuis plusieurs années et doit se réapproprier sa propre mémoire sur sa vie au Chili : le problème de la conservation de l’image se pose en termes crus, bien réels, il s’agit d’images mentales, matérialisées. La forme du souvenir. Le volume Quintero 1980 est une reconstruction d’une pièce dérivée du design, mais là encore le matériau utilisé est une image, piégée sur et par le papier : celle-ci est ainsi diffractée, acquière une nouvelle dimension, en volume, se pose alors le problème de sa lecture, et surtout du mécanisme de sa réappropriation. Travail élaboré patiemment, tout en dentelles, d’une grande finesse.
Jusqu’aù
6 janvier
Cyril
rives, Galerie du Platane, Décembre 2012
Susanna Lehtinen:
Hors Temps (photographies), Kaisla (photographies),
Yesterday i lost my innocence (ouate, verre)
Greca Dapelo:
Etudes pour la construction d’une image dans la mémoire (photographies pliées)
Silvia Cabezas Pizarro:
Vestido (tissu, épingles)
Silvia Cabezas Pizarro:
Me Transformo (encres sur papier)
Silvia Cabezas Pizarro (Vestido, Me Transformo)
Susanna Lehtinen (Lightning I)
Susanna Lehtinen (Lightning I)
Susanna Lehtinen
Elévations (verre, plâtre)
Susanna Lehtinen
Elévations (verre, plâtre)
Sublimations (photogrammes)
Susanna Lehtinen
Sublimations (macro-photogrammes)
Nos partenaires:
Autour du Petit Paradis
latin: latus, latium, re-latio, etc...
celtique ancien ou contemporain: ledan, Llydaw, Letavia, etc...
(Jean Jacques Boidron)
Située
entre Avignon et Arles (Boulbon, 13150, chemin du pigeonnier), la
Galerie du Platane est une galerie associative d’exposition d’œuvres
d’artistes contemporains qui sont en adéquation avec la problématique
que nous pose un monde en complète mutation de repères, d’identification
et de renouvellement des codes sociétaux. La multiplicité des médias
utilisés est aujourd’hui un atout incontournable pour ouvrir l’art au
plus grand public, c’est pourquoi nous pensons qu’il est pertinent de
présenter ces différentes formes de support : peinture réactualisée, art
conceptuel ou post conceptuel, performances, sculptures sonores, artvidéo, gravures… Nous
tentons de suivre un rythme régulier d’expositions mensuel, avec
visites sur rendez vous. La Galerie propose également un espace
extérieur à la disposition des artistes.
Nous
assumons notre rôle intermédiaire entre l’artiste et le public et
proposons un lieu parallèle et complémentaire à l’espace purement
muséal.
Visites sur rendez vous au 06 12 04 78 79
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