24 mars 2012

EXHAURE/FLORENCE&ANNE PONS



(action d'évacuer les eaux drainées dans une mine ou une carrière)
Vernissage Samedi 31 mars 18:30
lecture le soir du vernissage
puis visites sur rendez vous au 06 12 04 78 79
jusqu'aù 15 avril



Florence Mirol est plasticienne, son travail s’articule autour de différents médiums tel que le collage, la photographie, la vidéo, la peinture. Souterraine à toutes ces pratiques revendiquées, l’écriture poétique est une permanence. 
La peau du monde à fleur de peau : les apparences et les images, photographiques ou pas, qu’elle récolte systématiquement ou recueille sur le moment, elle les utilise et reconstitue par assemblage un épiderme, en quelque sorte. Il est passage sensible, échange respiratoire. Il est aussi le capteur du monde, celui qui nous entoure et celui qui est en nous et le travail de Florence Mirol joue alors de l’altération, la fragmentation, la dissémination (des images, des apparences, des surfaces, etc...). C’est peut-être là l’enjeu de tout travail.

Egalement poète, elle a publié des textes, notamment dans le magazine Tract, numéros : 1, 2, 3 (1999/2000). 
Rédaction et articles sur Voix off : le plus petit cahier du cinéma (1998).
Œuvre : 
• Valise, livre d’artiste et gravures, 1997, à compte d’auteur 20 exemplaires numérotés.
• Kill the noise, 2000, à compte d’auteur.
• My so, 2000, à compte d’auteur.
• L’Isoloir, 2000/2001, à compte d’auteur.



Anne Pons vit et travaille à Nîmes. Etudes  et diplôme à l’école de Nîmes.  Peinture, dessin et collage et depuis peu, des formes constituées de différents matériaux constituent la base de sa pratique:
"Simples surfaces de peinture (dessus ou dessous), colorées, béance des tombes ouvertes ou des crânes renversés dans les dessins archéologiques, plis des Gorges du gardon, jeux de rapprochement et de collage, écart, lignes éparses, formes sans queue ni tête mais tant bien aussi têtes et queues. Il y a 4 ans, aménager mon nouvel atelier, ça m’a surpris à considérer 20 ans de travail : des formes plurielles, des récurrences, des singletons, du laborieux, du nécessaire, du décousu… Desquels m’apparaissent comme les témoins de l’arpentage d’un espace entre deux, du fond, du vide… Cependant, paysage et peinture nous convoquent, engagent tous deux le corps dans une expérience qui éprouve notre capacité à être là, à porter une attention qui élargit l’espace, le plie, le déplie. Dans l’espace du paysage tout comme dans celui de la peinture, le sens n’apparaît pas, mais le vide agit pour donner une impulsion au mouvement. Il y a une avancée et une étendue. Marcher, dessiner, recouvrir, découvrir, constituer des surfaces.
Le discours n'a pas lieu. Notre espace naturel est désormais et à différents titres, consigné, et rétréci du simple fait d'être répertorié, complètement inventorié.
Terrible perte. Mais sa liaison intime à l'espace peint et au dessin, l'émancipe de cette consigne, et pour moi, dans cette combinaison, casse gueule, plus ou moins consistante, dans ce tiraillement de mes jours, il y a, autre échappée, une matrice.
"

Anne Pons 2011










Unlimited Love, photo 50X75 cm, Florence Mirol 2011







Unlimited Love, photo 250X170 cm, Florence Mirol 2011





sans titre, huile sur toile 200X200 cm, Anne Pons 2011





sans titre, huile sur toile 50X50 cm, Anne Pons 2008





Love Affair et Love Kisses, technique mixte 29,5X23,5 cm, Florence Mirol





J'absente, technique mixte 29,5X23,5 cm, Florence Mirol





sans titre (huile sur toile, 20X20cm)
pardessus (lichen appliqué sur lainage),
les deux formes (bois tourné), 
 Anne Pons 2008





sans titre (huile sur toile, 20X20cm)
pardessus (lichen appliqué sur lainage),
les deux formes (bois tourné), 
 Anne Pons 2008






Blue Time, photo 55X80 cm, Florence Mirol 2012








Les travaux de Florence Mirol et Anne Pons se réunissent à la Galerie du Platane pour donner une très belle exposition. Ainsi leur confrontation met en lumière une évidence de complémentarité qui saute aux yeux.
Florence Mirol nous présente trois photos et des collages technique mixte. Tous ces travaux sont empreints d’une humanité prégnante, bien qu’au départ il s’agit  d’une représentation de l’absence, d’espaces à l’abandon, de tabula rasa. L’impact est discursif, le langage apparaît dans sa forme initiale, à l’état natif, nous révélant  par la poïétique même de la poésie pure que constitue ces représentations l’importance du vouloir dire. La dimension est vitale, la légèreté prend ici tout son sens, l’épuration du discours permet de focaliser l’attention sur ce qui est primordial à nos existences : c’est là l’enjeu de tout discours poétique. La question de notre positionnement face à notre entourage, notre environnement immédiat ou lointain trouve ici une réponse évidente, au-delà de toute tentative de formulation avec nos faibles outils de langage. Un mur à l’abandon, un espace dont la destination est transitoire, en cours  de réadaptation ; un seul message nous donne une ouverture, un espoir : un texte mural, unlimited love, avec son signifiant évident. A nous de nous ouvrir à cette dimension si simple et si évidente.

Anne Pons a réussi à exprimer le suprasensible. Au-delà de tous les brouillages qui assaillent notre codification de nos environnements, on retourne là aussi au primordial, à ce qui nous maintient en vie. Sur le grand format pictural, carré, donc de forme affirmative, la captation des reflets et la profondeur, extraordinaire, de l’espace représenté touchent à l’évidence vitale. Légèreté et beauté poétique, ce sont les fraises sauvages  qui, malgré leur existence éphémère, expriment la quintessence de toute existence. Le goût retrouvé nous rappelle un monde perdu d’innocence et de simplicité. Ainsi Anne Pons redécouvre encore et encore, dans le choix des matériaux utilisés (lichens, myrtilles, bois), cette évidence : il faut retrouver pour vivre avec cette poésie primordiale et vitale, cette beauté que l’homme tente de gommer, d’effacer, d’annihiler chaque jour. Elle a trouvé la réponse à nos interrogations : son discours plastique parle à tous, et, confronté ici avec le travail de Florence Mirol, rentre en résonance et du coup prend une dimension totale.

Cyril Rives, la galerie du Platane,  Avril 2012



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